Les Transmissions
Que le moulin soit doté d'une roue hydraulique est une
chose. Mais cette roue a pour but de faire fonctionner correctement tous les
équipements et toutes les machines qui composent le système de mouture du moulin.
Entre la roue et ces machines sont installés des mécanismes qui vont permettre une
transmission du mouvement de la roue : ce sont pour l'essentiel des axes
métalliques, des engrenages, des courroies et des poulies.
La première - et la principale - étape de cette transmission a lieu au
rez-de-chaussée du moulin, aussi appelé bas moulin. A ce niveau, l'axe de la roue
traverse le mur du moulin et, par tout un système d'engrenages, va communiquer son
mouvement aux meules et aux autres machines du moulin qui se trouvent à l'étage.
Le jeu d'engrenages du bas moulin ne sert pas qu'à transmettre le mouvement, il permet aussi, en jouant sur la dimension des engrenages, de démultiplier la vitesse de rotation de la roue, pour permettre à chaque machine de tourner à une vitesse déterminée.
Le schéma ci-dessous montre comment la roue, qui tourne à une vitesse de 5 à 6 tours par minute finit, grâce à ce système de démultiplication, par faire tourner les meules à une vitesse bien plus élevée (80 à 100 tours par minute).
Ce schéma attire l'attention sur une évolution importante dans les roues de moulin : le mécanisme de renvoi d'angle qui a permis le développement de roues de moulin verticales.
En outre, les engrenages représentés en brun sur ce schéma ont ceci de particulier que leurs dents sont faites de bois ; ces dents sont appelées les alluchons. A chaque fois, les dents en bois sont en contact avec un engrenage dont les dents sont en fer. Ceci permet de limiter l'usure puisque seules les dents en bois vont s'user. Il est facile pour le meunier de remplacer celles-ci lorsque c'est nécessaire sans devoir changer tout l'engrenage. De plus, l'alternance de dents en bois et en fer diminue le bruit et dispense d'une lubrification qui peut poser des problèmes dans un environnement poussiéreux...
Au niveau de la chambre des meules, située au 1er étage, le gros fer, qui se prolonge au travers du plancher, se termine par un système de renvoi d'angle qui va permettre d'actionner toutes les machines de l'étage grâce à un axe garni de poulies qui seront prolongées par une courroie.
Ces poulies sont généralement construites en bois ou en fer. Ici également, elles ont un diamètre variable et sont calculées pour permettre à chaque machine de tourner à la vitesse qui lui convient.
Les courroies du moulin sont pratiquement toutes taillées dans du cuir. C'est un matériau qui a l'avantage d'être solide, souple et élastique mais qui, contrairement aux matières synthétiques qui composent les courroies modernes, est très sensible aux conditions de température et, surtout, d'humidité. Cela implique, par exemple, qu'il faut parfois les retendre si le temps est très sec. De plus, comme tout ce qui est fabriqué en cuir, elles ont besoin d'être entretenues.
Au niveau de la chambre des meules, toutes les machines sont mises en mouvement à l'aide de courroies. Cela implique qu'il faut être vigilant lorsqu'on travaille au moulin, car toutes ces courroies tournant en même temps sont un danger constant, même si certaines d'entre elles tournent relativement lentement.
Cette remarque vaut également pour les engrenages du bas moulin, à ceci près que ces engrenages sont beaucoup plus puissants que les courroies et, de ce fait, beaucoup plus dangereux. Des accidents au niveau du bas moulin peuvent être très graves, voire mortels et il est impératif de rester à bonne distance de ces engrenages lorsqu'ils sont en mouvement !